Le téléphone a disparu, et nous ?

Une fois n'est pas coutume, un petit évènement de ma vie personnelle, qui m'a donné envie de partager mes impressions avec vous. Vous qui savez à quel point le virtuel peut prendre de l'importance dans nos vie, la même consistance, la même puissance que le réel, auquel il se substitue parfois. Et finalement, pourquoi un sms, un mail, une conversation sur un chat quelconque aurait moins de valeur que la même chose échangée les yeux dans les yeux ? Certes il y a alors le palpable de la vraie vie, les regards échangés, le contact physique parfois, une fragrance, mais en quoi les mots tapés sur un clavier puis lus sur un écran seraient-ils moins forts ? Lire ou écouter, parfois ça n'est pas la même chose. Et l'un ne vaut pas mieux que l'autre. Certains billets de vos blogs disent beaucoup plus de choses que n'importe quelle conversation. Car ils disent différemment, ils peuvent se relire, les mots sont là et chaque lecteur en fait ce qu'il veut.

Ces quelques lignes d'introduction pour parler d'un évènement qui peut sembler anodin dans nos vies actuelles (et c'est pour cette raison que j'utilisais le qualificatif de petit pour le qualiifier), mais qui ne l'est pas : j'ai perdu mon téléphone portable.

On ne me l'a pas volé, non. Je l'ai perdu. Je crois que cela a été encore plus dur de me dire qu'il allait trainer là, par terre, et que quelqu'un allait le ramasser. De ne pas mettre un visage sur ce quelqu'un. Alors je vous rassure tout de suite (je commence à connaitre les lecteurs de ce blog et leur goût pour les nouvelles technologies...), je me fichais complètement de l'appareil en lui-même. Non, c'est son contenu qui fut la source de toutes mes inquiétudes. Toute une vie, presque. Ou plutôt, deux ans de ma vie. Des photos prises sur le vif, mal cadrées qui semblent sans grand intérêt, mais qui sont autant de témoignages de tous ces petits instants vécus qui font la vie jolie. Des vidéos trop longues, floues, mais des contenus animés des premières cuillières de ma fille, des premières galipettes, du premier fou rire. Des sms échangés qui, pris un par un, n'ont aucune valeur, mais prennent tout leur sens lorsque l'on déroule l'ensemble de la conversation. Alors, c'est une histoire que l'on raconte.

Tout ce contenu abandonné aux yeux de n'importe quoi, et pire, aux yeux de quelqu'un que ça laisserait indifférent, ce fut très dur. Il y a certes les sauvegardes régulières qu'évidemment je ne faisais pas. Mais même, étrange ce sentiment bizarre de se sentir tout nu après ça.

Le lendemain, hop un nouvel appareil, une mise à jour, les contenus à nouveau disponibles, sauf deux mois de ma vie disparus pour toujours. Même dans mon esprit, car si tous ces petits bouts de vie prennent de la valeur dans leur globalité, un par un, notre mémoire sélective ne les archive pas. Trop petits.

Une semaine après, c'est oublié presque. Mais je voulais partager cet instant avec vous. J'imagine que cela nous est arrivé à tous. Malheur éphémère de nos vies modernes.