34ème Festival Américain de Deauville par Sandra Mézière, du blog In the Mood for Cinema

Chose promise, chose dûe : aujourd'hui sur le blog Hautetfort, nous ne parlerons ni blog ni blogging, ni même du Web ... Non nous parlerons cinéma ! Et surtout Festival Américain de Deauville.

 

Pour ce faire, je laisse la place à l'une de nos spécialistes, membre du club VIB Cinéma, Sandra Mézière, du blog In the mood for cinema.

Elle a créé pour l'occasion un blog éponyme, que je vous invite à parcourir au plus vite.

 

Place à l'interview, et surtout n'hésitez pas à lui poser vos questions dans les commentaires ;)

 

 

 

Bonjour Sandra, une première question : pourquoi un blog dédié à un festival annuel ?

 

Pour l’édition 2007, j’ai décidé de créer ce blog consacré  au Festival du Cinéma Américain de Deauville en plus de mon blog principal « In the mood for cinema » (créé en novembre 2004, sur lequel se trouvent des comptes-rendus des précédentes éditions dudit festival, un blog succédant lui-même à des sites internet très artisanaux que j’avais créés il y a 8 ans et consacrés à ce même festival) parce que j’avais envie d’un blog   exhaustif  entièrement consacré à ce festival d’abord pour partager mes informations et  ma passion pour celui-ci que je crois bien connaître pour y assister depuis 15 ans, et pour avoir fait partie de son jury de cinéphiles en 2000.

Ensuite, j’avais aussi envie de partager tous ces moments singuliers, parfois surréalistes,  les transcrire en mots étant un exercice le plus souvent jubilatoire. J’y évoque aussi le Festival du Film Asiatique (lui aussi à Deauville) que je connais également plutôt bien pour là aussi en avoir notamment fait partie d’un jury de cinéphiles, en 2005.

Avec ce blog j’avais vraiment envie d’immerger les lecteurs « in the mood for Deauville », leur donner l’impression de vivre le festival de l’intérieur.

Comment allez-vous procéder, sur place ? Allez-vous assister exclusivement aux projections de la compétition, ou plutôt choisir les films selon vos envies ?

Depuis plusieurs années,  j’ai la chance d’être accréditée presse pour ce festival donc j’essaie d’assister à un grand nombre de conférences de presse auxquelles ce sésame me donne accès, de les résumer et d’en filmer une partie. Ensuite, je privilégie la compétition officielle de films indépendants,  souvent de grande qualité et instructive,  que j’essaie de voir dans son ensemble et  qui, outre des cinéastes, me fait découvrir aussi un reflet subjectif de l’état (et des Etats) des Etats-Unis.

Je termine enfin toujours la journée par une avant-première, le plus souvent des blockbusters ou des films plus grand  public  comme « Mamma mia » de P.Lloyd qui fera l’ouverture cette année.

Je ne manque jamais non plus le prix Michel d’Ornano qui récompense de premiers films français et m’a permis de découvrir de magnifiques films comme « La petite Jérusalem » de Karin Albou, « Le bleu des villes » de Stéphane Brizé, « la faute à Fidel » de Julie Gavras... Le but du blog est aussi de retranscrire l’ambiance du festival, avec un regard -je l’espère- parfois décalé, et donc aussi ses soirées souvent mémorables, parfois épiques.

Et puis cette année, je pense que je ne résisterai pas aux « Nuits américaines » initiées pour l’édition 2007 : des projections 24H/24H de classiques du cinéma américain comme « Casablanca » de Michael Curtiz, « Bienvenue à Gattaca d’Andrew Niccol »,  « Sur la route de Madison » de Clint Eastwood et bien d’autres …

 

Que pensez-vous du cru 2008 : le jury, la sélection… ?

 

Evidemment il était particulièrement difficile de rivaliser avec la sélection 2007,  une des meilleures éditions, avec notamment la projection de films comme « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » d’Andrew Dominik pour moi le chef d’œuvre de l’année 2007 mais aussi la venue de nombreuses stars américaines comme Michael Douglas, George Clooney, Matt Damon, Brad Pitt... Cette année le générique est certes moins prestigieux (avec tout de même Uma Thurman, Ed Harris, Juliette Binoche, Kevin Spacey, Samuel L.Jackson, John Malkovich, Spike Lee…-Angelina Jolie, Pierce Brosnan et Meryl Streep au départ annoncés venant semble-t-il de décliner l’invitation…-) mais les films indépendants en compétition sont toujours de vraies découvertes et les films en avant-première de vrais moments de divertissement.

Quant au jury, son éclectisme, ( il est composé de : Edouard Baer, Ronit Elkabetz , Pierre Jolivet, Cédric Kahn,  Bouli Lanners , Cristian Mungiu,  Leonor Silvera,  Dean Tavoularis ) sous la présidence de Carole Bouquet, me paraît promettre un palmarès inattendu.

Alan Ball, le tout jeune réalisateur Antonio Campos, Thomas McCarthy… Certains cinéastes présents cette année n’ont pas encore inauguré leur palmarès de réalisateur. La sélection officielle semble par ailleurs laisser peu de place aux grosses têtes d’affiche.

 

 

Un pronostic ?

 

 

Le principe de la compétition est de mettre en avant le cinéma indépendant, le plus souvent des cinéastes inconnus avant le festival qu’il met parfois en lumière et qui ont parfois ensuite connu  un succès international comme  avec « Little miss sunshine » de Jonathan Dayton et Valérie Faris (Grand prix 2007) ou « Dans la peau de John Malkovich » de Spike Jonze ( Gand prix 1999).  Il est donc rare que des « têtes d’affiche » figurent dans ces films, au contraire des avant-premières. Je ne me hasarderai donc pas à un périlleux pronostic n’ayant encore vu aucun des films de la compétition qui comprend par ailleurs 5 premiers films sur 11 sélectionnés.

 

 

Vous avez obtenu un prix pour votre blog sur le festival de Cannes, « In the mood for Cannes ». Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

 

Pour la deuxième année consécutive, en partenariat avec une grande marque de cosmétiques (L’Oréal), le Festival de Cannes organisait un concours de blogs. Je faisais déjà partie des finalistes l’an passé et cette année mon blog a été sélectionné par le jury, ce qui me permettra d’être invitée au festival l’an prochain. Je n’en sais pas plus pour le moment si ce n’est que d’après la gagnante 2007 ce fut  « féérique ».

 

 

Festival de Cannes vs. Festival du Cinéma américain de Deauville… Dans les deux cas, des vedettes, du glamour, une station balnéaire sous le feu des projecteurs : est-ce que ce n’est pas un peu pareil, finalement ?

 

Dans les deux cas aussi un miroir informant (déformant parfois aussi) du monde, un reflet du monde mais la frénésie cannoise reste unique et ses extravagances aussi, avec un caractère aussi effrayant que fascinant. Le retentissement d’un prix cannois reste lui aussi unique et difficilement comparable avec celui des prix reçus par les films indépendants à Deauville, une compétition qui n’existe par ailleurs que depuis 1995. Et si le cinéma mondial se déplace à Cannes (qui est aussi et surtout un marché du film), à Deauville les spectateurs sont essentiellement américains et français. Cannes reste par ailleurs un festival uniquement destiné aux professionnels alors que Deauville est encore relativement accessible au public (pour 145 euros le public peut acheter un badge permanent et assister à toutes les projections à l’exception de celles du soir pour lesquelles-et cela depuis l’an passé- il devra obtenir une carte d’accès), même si cet accès semble se restreindre,  depuis l’an passé donc.

 

Une préférence pour l’un de ces deux festivals, tout de même ?

 

Deauville a pour moi une valeur sentimentale puisque c’est le premier festival auquel j’ai assisté, celui sans lequel peut-être je n’aurais jamais fait tous ceux auxquels j’ai assisté ensuite.  J’apprécie la convivialité de Deauville, son atmosphère particulière, son savant mélange de films indépendants et plus grand public, de discrétion européenne (avec ses planches sur lesquelles plane toujours l’ombre d’ « Un homme et une femme » de Claude Lelouch) et de glamour américain. Mais Cannes reste aussi un rêve de cinéphile pour l’immersion cinéphilique et la découverte de cinématographies du monde entier que ce festival permet, et forcément pour sa dimension mythique, sa frénésie. J’y assiste depuis 2001, depuis ma participation au prix de la jeunesse, et depuis j’ai toujours cette même impression d’irréalité, mais aussi d’être dans l’antre du cinéma mondial. Mais comme le cœur d’une cinéphile a, lui aussi, ses raisons que la raison ne connaît pas je choisirais certainement Deauville…

 

Vous avez eu l’occasion d’être chroniqueuse sur l’émission « Le cercle », sur Canal Plus. Pourrons-nous vous voir ailleurs que sur la blogosphère dans les prochaines semaines ?

 

J’aimerais en effet beaucoup renouveler cette expérience, que ce soit dans une émission télévisée (mais les émissions cinématographiques se font rares et sont anormalement absentes des chaînes du service public notamment...) ou dans la presse écrite mais les seules propositions reçues pour le moment proviennent d’internet. A bon(s) entendeur(s)…  Si au départ ce blog était un simple loisir pour partager ma passion, je me suis en effet découvert un vrai goût pour l’exercice, et une insatiable envie de partager et communiquer ma passion ou mon enthousiasme pour un film, un cinéaste, ou un festival.

 

 

Dernière question, reviendrez-vous à Deauville l’année prochaine ?

 

 

Comme chaque année,  je dirai probablement que celle-ci est la dernière et, en toute logique, j’y reviendrai certainement l’an prochain pour la 16ème année consécutive ! Pour le moment, j’attends en tout cas cette 34ème édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville avec impatience… et vous invite à la suivre en direct du 5 au 14 septembre sur « In the mood for Deauville ».